• L'héritage de l'Azur : Chapitre I

    Lorsqu'un matin dans les montagnes les plus hautes de ce monde, la petite Naïta quitte la légendaire cité des nuages pour rencontrer son avenir à la pointe du Destin, elle voit venir beaucoup plus qu'une enfant comme elle aurait pu espérer. Mais est-ce le cadeau d'une vie, ou la pire des malédictions qui se présente à elle ce jour là?

      

    L'héritage de l'Azur ©

      

    Lorsque l’alerte avait retentit, Naïta était déjà loin de la cité.

    Elle s’était éclipsée de la demeure familiale alors qu’il faisait encore nuit. Couverte d’une pèlerine en poils de yack épaisse et sombre, elle avait glissé ses pieds dans la chaleur de ses chausses fourrées en peau de mouton et chargé sur son dos une lourde sacoche de cuir tanné.

    Du haut de ses dix ans, la fillette ne s’échappait pas pour la première fois et les choses défendues avaient toujours suscité son intérêt. Elle s’était faufilée comme un lynx dans le couloir qui longeait les chambres pour sortir par la petite ouverture de la cuisine qui donnait derrière la maison, soutenant le lourd loquet de la porte pour qu’il ne la trahisse pas. Elle avait traversé prudemment, comme toujours, l’une des longues passerelles de planches et de cordes qui séparait le centre de la cité d’un des pans les plus abrupts de la gorge. Là, d’autres habitations aux toits de pagode enchevêtrés les uns aux autres étaient agrippées à la roche, comme prêtes à tomber dans le vide. Sous les pieds de l’enfant, au fond du gouffre, le torrent grondait dans l’ombre froide. Au-delà du pont, Naïta s’était glissée discrètement entre les maisons silencieuses où tout le monde dormait encore à poings fermés.

    Elle avait rejoint les hauteurs, à travers les bosquets d’arbres et les pâturages, longeant des sentiers escarpés marqués par les hommes qui y menaient paître les troupeaux jusqu’aux portes de l’hiver. Cet hiver si long et si rigoureux dans ces montagnes, dont les premiers signes se faisaient déjà sentir.

    Naïta avait ramené le chaperon de sa pèlerine sur son chignon de jais lissé, tenu par un peigne de jade. Elle poursuivait son chemin, s’enfonçant dans une forêt de sapins. La piste devenait plus ardue et elle s’agrippa aux racines proéminentes pour grimper. Depuis des années, son apprentissage des arts du combat au temple n’était pas inutile. Souple et musclée, elle gardait l’équilibre et progressait rapidement malgré le poids de son sac. L’effort que lui demandait l’ascension la rendait plus forte. Un à un, les pas qu’elle faisait la libéraient. Plus elle grimpait plus elle s’éloignait des siens. Un sentiment de liberté emplissait sa poitrine. L’excitation de partir seule, poussée par la peur de l’interdit qu’elle transgressait une fois de plus la faisait jubiler et valait bien le risque d’être punie ensuite.

    Chaque arbre, chaque pierre avaient une place pour elle sur ce chemin qu’elle connaissait bien. Les animaux qu’elle y croisait ne fuyaient plus devant elle. Naïta allait toujours un peu plus loin dans sa découverte de la montagne, à la quête du vent. Les branches, soulevées par celui-ci, étaient comme des bras robustes qui l’accompagnaient plus haut, l’entrainant vers un autre monde. Il n’y avait que dans ces moments là qu’elle se sentait véritablement bien. Ces moments de solitude où le temps n’existait plus, où elle apprenait par elle même à écouter et comprendre cette nature qui l’entourait.

    Ce matin, elle voulait atteindre les sommets au pied des pics neigeux, là où la forêt perd ses droits sur la roche. À plusieurs reprises, elle avait entendu le vieux chaman, maître spirituel du temple, parler d’un promontoire rocheux, surnommé « La pointe du Destin ».

    Naïta savait où le trouver. Au cours de ses explorations, elle était souvent venue s’asseoir pour contempler les montagnes sur cette grande pierre couchée, débordant sur le vide. C’était un lieu sacré, propre aux rituels. C’était là que tout membre de la tribu des Changü pouvait voir quelle était sa destinée. Les dires du chaman étaient simples. Sur cette plateforme naturelle, jetée au-dessus de la cime des derniers arbres, chaque initié venait attendre le lever du soleil, le jour marquant sa naissance.

    Mais le rituel n’était pas simple. Avant que le jour se lève, il fallait d’abord ouvrir une porte vers le ciel et renouer les liens invisibles entre celui-ci et la terre. Naïta ignorait si elle en était capable mais elle n’avait pas voulu manquer cette opportunité et ce qu’elle avait emporté dans sa sacoche allait l’y aider. Elle était en âge d’essayer. Après tout, elle était plus forte, plus mature et plus intrépide que les autres enfants. Elle était fille de chef.  © 

    à suivre... 

    L'héritage de l'Azur : Chapitre I 

     

     

    La pointe du Destin.

     

     


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  • Commentaires

    1
    Vendredi 13 Janvier 2012 à 01:01

    Quoi !!!! Fille de chef !!!!

    Ca donne pas tout les droits !!!!

    Bon Ok j'arrete, j'vais lire la suite !!!

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