• L'héritage de l'Azur : Chapitre III

     

    Lorsqu'un matin dans les montagnes les plus hautes de ce monde, la petite Naïta quitte la légendaire cité des nuages pour rencontrer son avenir à la pointe du Destin, elle voit venir beaucoup plus qu'une enfant comme elle aurait pu espérer. Mais est-ce le cadeau d'une vie, ou la pire des malédictions qui se présente à elle ce jour là?

     

    L'héritage de l'Azur ©

     

    « Qui a donné l’alerte ? » 

    La voix tonitruante de Toräl résonna avec puissance dans l’air embrumé, déchirant sans le moindre égard le silence que tous avaient respectueusement adopté. À cet appel autoritaire, tous les habitants se tournèrent vers leur chef et quelqu’un s’approcha du dirigeant de la cité avec déférence pour l’informer de la situation.

    « C’est la vigie en poste à l’est du grand pic, seigneur. Apparemment il aurait repéré un mouvement inhabituel sur le versant du levant et… » 

    « Inhabituel ?! Est-ce une raison suffisante pour déclencher ainsi la panique dans toute la ville ?... Il y a plusieurs lunes que les Yangzï n’ont pas tenté d’approche. Et même dans ce cas, rien ne justifie qu'on sollicite l'appel des géantes. Qu’a-t-il vu exactement ? » 

    L’homme qui faisait face à Toräl baissa les yeux à terre.

    « Eh bien, nous ne sommes pas sûrs qu’il s’agisse de l’Arcane, mais…» 

    « Autant dire que la vigie n’a rien vu ! Toute fausse alerte est sévèrement punie. J’espère qu’il s’en souvient. »  

    « Oui seigneur. S’il s’avère qu’il s’est trompé, il acceptera son châtiment, mais… » 

    « Regardez !!! », cria quelqu’un dans la foule en pointant son doigt vers le ciel encore chargé d’une vapeur épaisse.

    Tous levèrent les yeux mais ne virent rien. Celui qui avait désigné les nuages avait eu juste le temps de distinguer une énorme masse au-dessus de ces derniers. Mais la forme sombre avait aussitôt disparu derrière la couche de brume. Ce qui confirma les craintes de chacun et balaya les doutes de Toräl, ce fut un bruit sourd et doux comme porté par l’air chargé d’eau. L’épaisseur de ce dernier semblait renvoyer le son d’une grande voile qui claque sans l’aide du vent, remuant les volutes de brouillard sur un rythme lent mais puissant, tel le battement d’un cœur de colosse. Un murmure parcourra la foule figée. Quelques morceaux de ciel tourbillonnèrent doucement sur le passage de l’Arcane.

    La vigie ne s’était pas trompée. Toräl ne pouvait y croire. Cela faisait des années que cette chose n’était pas reparue, et le chef de la tribu avait eu la naïveté de croire qu’il ne se manifesterait plus. Il avait eu tort de ne pas vouloir entendre les prédictions du chaman, même si elles manquaient parfois d’exactitude. Il devait admettre aujourd’hui que ce vieux fou avait vu juste… Encore. Cette pensée lui était insupportable. Toräl savait qu'il y avait une raison à ce retour mais laquelle? Ses poings se serrèrent, les yeux toujours rivés au ciel. Ce ciel d’où le mal faisait de nouveau surface.

    Tous restaient immobiles tandis que le bruit s’éloignait. Une fois sa propre crainte estompée, Toräl pris la parole, moins fort mais de manière tout aussi imposante.

    "Il va vers l’ouest. Il compte sans doute s’en prendre aux troupeaux mais il va revenir et, une fois les brumes dissipées, il risque de nous attaquer. Il faut que les femmes et les enfants se refugient immédiatement dans la grotte de la gorge. Lorsqu’il reviendra nous devrons être prêts à l’abattre." 

    Ses paroles ne souffrant pas d’objections, Toräl tourna les talons après cet ordre et chacun s’exécuta. Les enfants les plus jeunes emportés dans les bras de leurs mères ou tenant la main de leurs aînés. Tous quittaient les bâtisses avec quelques vivres emportés précipitamment dans un linge noué ou un panier tressé. Partout les chausses de peau et les bottes en fourrure foulaient en toute hâte le pavé millénaire de la cité, détrempé et glissant. Toräl s’en revenait à grands pas vers son propre foyer et vit son épouse en sortir, l’air inquiet. Le chef de la cité compris la situation en un éclair, constatant le teint livide de sa femme. Il pressa le pas pour la rejoindre.

    Sachant pertinemment qu’il n’obtiendrait pas la réponse qu’il espérait, il demanda tout de même, une pointe de rage fébrile dans la voix.

    « Où est Naïta ? ». ©

    à suivre... 

     

    L'héritage de l'Azur : Chapitre III

     

     

     

     

      

    Demeure de Toräl. 

      


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