• L'héritage de l'Azur : Chapitre XX

     

    Lorsqu'un matin dans les montagnes les plus hautes de ce monde, la petite Naïta quitte la légendaire cité des nuages pour rencontrer son avenir à la pointe du Destin, elle voit venir beaucoup plus qu'une enfant comme elle aurait pu espérer. Mais est-ce le cadeau d'une vie, ou la pire des malédictions qui se présente à elle ce jour là?

      

    L'héritage de l'Azur ©

     

    Les lambeaux de brume. Les bras fantomatiques, ondulant comme des serpents nuageux. Ils étaient encore là.

    Ils tournoyaient autour d'elle, se lovant sur sa tête, ondoyant sur ses épaules, se caressant à son dos. Ils l'attiraient, la soulevaient.

    Était-elle enfin passée ?

    Naïta leva la tête, étendue sur le ventre contre la pierre glacée d'une caverne.

    Le visage de la déesse au serpent de plumes lui faisait face. Elle souriait toujours, douce, incroyablement belle, les bras ouverts pour l’accueillir.

    Et pourtant, son reflet dans la lumière s'estompait de nouveau à mesure que la fillette reprenait conscience d'elle même.

    Non, elle n'avait pas traversé. Elle était vivante. Elle se rappelait...

    La chute. Son corps frêle sur le vent gelé. Son corps si léger qui, même appelé si fort par la Terre, lui avait semblé tomber pendant une éternité avant de sentir les courants, les souffles fendant l'air autour d'elle, lorsque Lung l'avait rejointe dans son effondrement.

    Une avalanche de nuages s'était pressé autour d'eux comme pour atténuer le dernier choc. Le corps de son frère s'était collé au sien. Agrippée à son cou, Naïta avait gardé ses yeux fermés, prisonnière du désir de mourir, sentant leurs corps transpercer la brume comme une énorme flèche. Ses mains, sa peau contre les écailles de Lung, dès lors une multitude d'images avaient envahi son esprit.

    Aucune ne reflétait sa vie passée. Il n'y avait que des visions. Un nourrisson et un petit Arcane, tous deux liés dans la lumière d'un même œuf. Le sang de sa main sur celui qui recouvrait le front de son frère. Le médaillon de Cinabre entre les crocs de l'Azur. Le regard de ce dernier avant de disparaître en poussière d'étoiles. Lung ouvrant grand ses ailes devant une femme tenant un bâton orné de cristaux. La cité des nuages trônant sous les yeux de Naïta alors qu'elle la survole chevauchant son frère. L'Azur naissant du soleil et venant vers elle, assise entre quatre Cóngs résonnants d'eux même.

    Le jeune Arcane l'avait tirée de ses dernières chimères dans un cri de désespoir. Contre sa poitrine le médaillon de cinabre était brûlant. L'évidence traversait son esprit et, unie à son frère, elle avait pris le pendentif dans sa main et entonné une note aussi forte et haute qu'elle avait pu, malgré le souffle des vents qui coupait le sien.

    Lung avait gémi de même comme si il ne puisait sa force que dans ce seul son. Le médaillon s'était réchauffé de plus belle et la robe d'écailles de l'Arcane avait lui comme mille miroirs tournés vers le soleil de midi. La brume autour d'eux s'était enveloppée sur leurs corps, écartant les ailes de Lung, les déployant dans une ultime secousse de vie, soulevant leur étreinte, les repoussant loin de la Terre avec une force phénoménale. Une poussée extraordinaire les avait emportés vers le ciel si brusquement que Naïta avait continué à chanter mais ne se souvenait plus quand elle avait cessé.

    Elle se souvenait de la mer de nuages sur laquelle ils avaient plané doucement lorsqu'ils avaient rejoins les sommets les plus hauts. Elle se souvenait de l'horizon si lointain qu'ils y percevaient la courbure du monde. Elle se souvenait de la magie de ce premier vol, accrochée au cou de Lung qui avait réussi à lui faire comprendre qu'ils ne faisaient qu'un et pas seulement dans la vie ou la mort.

    Les choix étaient déjà déterminés pour le jeune Arcane et sa sœur. L'un ne pouvait pas vivre sans l'autre. L'autre ne pouvait rien faire sans l'un.

    Pour l'heure il l'avait sauvée. A moins que ce soit elle.

    A vouloir disparaître, elle avait une fois de plus survécu. A croire que la mort ne voulait vraiment pas d'elle.

    Le froid et les hauteurs du ciel lui avait fait tourné la tête et Lung avait fini par se poser. Mais Naïta n'en avait pas souvenir. Elle avait la sensation de s'être endormie durant plusieurs jours. Jusqu'à ce que les brumes reviennent la hanter.

    La déesse à la tiare d'or qui était venue à elle dans le cachot et dans ses rêves, était ici.

    Cette caverne de glace, ce froid, et cette résonance, Naïta les connaissait déjà.

    La clarté de l'eau qui s'écoulait lentement derrière la paroi bleutée, l'air empli d'un parfum étrangement connu, et ce souvenir si précis et pourtant incertain.

    Tout était là, elle le sentait. Tout était comme dans ces derniers songes. Il n'y avait que Lung qui s'invitait dans ce décor familier et dont le souffle rassurant derrière elle, la poussait doucement à s'avancer vers le mur de glace. Dans ce dernier se profilait la marque reconnaissable devant laquelle la fillette se figea, la scrutant encore pour être certaine de ce qu'elle s'apprêtait à faire.

    Son rêve et les pensées que l'Azur lui avait transmises étaient désormais réelles.

    Face à elle. Il n'y avait rien, que de la glace, montant vers l'infinie hauteur d'une caverne gigantesque plus haute que tout ce qui lui avait été donné de voir jusqu'ici. Le gouffre qui tenait la cité des nuages en son sein n'était pas aussi profond que ce temple de stalactites au reflets irisés comme les écailles de l'Azur.

    Naïta savait d'instinct ce qu'elle devait faire même si elle le redoutait aussi.

    Son frère était près d'elle. Elle n'avait rien à craindre. Sa présence était gage de confiance et c'était lui qui l'avait amenée ici.

    Lui aussi savait ce qu'il devait faire. Il avait accompli sa part.

    C'était le tour de la fillette à présent.

    Dans le mur de glace, la forme bien connue qu'elle avait vu endormie attendait.

    Naïta retira son médaillon pour libérer la pierre rouge de son lien de cuir.

    Puis elle le glissa sans hésiter dans le mur. Le disque de cinabre s'enclencha dans la paroi gelée comme la plus parfaite des clés.

    L'enfant recula d'un pas, observant sans un mot, le cœur serré d'anxiété.

    Après quelques instants rien ne se produisit. Elle attendit encore mais rien n'arriva.

    Elle se tourna vers Lung, l'interrogeant de ses pensées. Elle était pourtant sûre de ce qu'elle avait fait. Que se passait-il ? Ou plutôt pourquoi rien ne se passait ?

    Son frère d'écailles la regarda puis vint se frotter contre elle. Naïta prit sa tête cornue dans ses bras, le grand front de Lung reposant contre la poitrine de l'enfant.

    Elle senti dans son ventre une douce vibration. C'était comme le ronronnement d'un fauve, plus aigu, plus maintenu, sur une même fréquence.

    Elle s'écarta soudain de lui, plongeant son regard dans son œil fendu.

    Elle s'éloigna doucement pour se rapprocher du mur. Debout, devant son médaillon fiché dans la glace, Naïta entonna la note la plus pure et la plus claire que son corps épuisé pouvait encore lui procurer.

    Son chant résonna, suprême et doux jusqu’à la voute colossale de la caverne. Le médaillon devint rouge, écarlate, lumineux, brûlant, fumant, incandescent.

    Tout autour, le mur était toujours là, mais il changea peu à peu de couleur et d'aspect. Sa brillance avait disparu, sa dureté s'évaporait.

    La fillette s’avançât, suivi de près par Lung. Tendant la main prudemment elle constata, effarée, que le mur était à présent une barrière de brume. La glace s'était changée en vapeur d'eau tiède. Elle jeta de nouveau un regard vers son frère, déglutit et s’avançât à travers l'épais barrage de brouillard.

    Elle fit plusieurs pas timides dans cette atmosphère inconnue où elle ne distinguait rien à deux pieds devant elle.

    Lentement elle sorti de l'autre côté de la frontière d'émanation blanche. Il y avait là une odeur douce, glacée mais claire comme un son. Comme celui qu'elle avait entonné naturellement. La même odeur qui émanait de l'Azur avant sa mort.

    Tout autour d'elle de grands pics de glaces se jetaient à l'assaut des hautes voutes de la caverne. Elle découvrait devant elle une immense dalle creusée par le temps et l'infini patience de l'eau qui s'y déposait, goutte après goutte. Chacune résonnait dans la grotte produisant un écho toujours plus cristallin. Jamais la fillette n'avait entendu de son plus diaphane et délicat. C'était attirant, apaisant. C'était comme si l'eau l’appelait. Comme si elle produisait une sorte de musique hypnotique.

    Elle s'approchait encore du bassin, formé à la force des siècles d'usure, de l'invulnérabilité de cette eau si limpide qui s'y cachait.

    Au dessus de cette grande vasque naturelle, Naïta discerna sur la paroi, un visage gravé.

    C'était celui de cette étrange déesse, coiffée d'or et portant son serpent de plumes sur ces épaules. Etait-ce la gardienne de cette source millénaire ?

    Et d'ailleurs qu'était donc ce lieu ? Naïta se pencha au-dessus de l'eau étincelante et écarquilla ses yeux bleus. Il n'y avait aucun reflet à la surface. Elle ne voyait pas son image onduler. Elle ne distinguait même pas une petite ombre.

    Et les gouttes continuaient de tomber, l'une après l'autre, avec le même rythme, imperturbable, offrant à la caverne cette seule musique. Eternelle, venant d'un passé lointain et s'écoulant encore pour des siècles.

    Une eau sans reflet mais plus que limpide. Brillante, presque lumineuse.

    Opalescente, elle avait quelque chose de céleste dans son aspect et le son qu'elle produisait.

    Naïta leva les yeux vers la voute, écoutant l'écho de cette onde étrange. Son regard se posa sur l'un des angles de la caverne dans le fond derrière la paroi gravée.

    Entre roche et glace se détachait un angle saillant, entre deux teintes.

    Il était ancré dans les deux matières, pris au piège, et en sortait à mi hauteur pour s'élancer vers le ciel invisible. Il n'était ni de pierre, ni d'eau gelée. C'était autre chose. Naïta s'en rapprocha et vit que cela ressemblait une gigantesque colonne, extrêmement large. Mais les angles étaient bien marqués et dessus se profilaient des dessins. Des lignes qu'elle reconnaissait pour la plupart.

    Alors la fillette eu un éclair dans les yeux, une pensée fulgurante, une idée totalement folle la traversa. Elle se tordit le cou à tenter de voir jusqu'en haut de ce mât irréel, orné de signes étranges. Puis elle couru pour traverser la grande caverne passant devant Lung qui l'observait tranquille, impassible comme si il connaissait déjà cet endroit, sans s'étonner de l'attitude de sa sœur.

    Naïta fit le tour de la fontaine et se précipita vers l'autre angle de la salle. Elle sourit en constatant la présence d'un autre mât identique au premier, coincé lui aussi dans les éléments. Leurs proportions défiaient l'imaginaire. On les aurait cru façonnés par la main de quelque Dieu ou Géant de l'Ancien Temps.

    Les légendes et histoires du Chamàn au temple s'invitaient dans la mémoire de la fillette. Etait-ce l'oeuvre des Anciens ou des Arcanes ?

    Soudain son sourire s’effaçât de son visage ravagé de fatigue. On ne voyait ni la fin ni le début de ces colosses. C'était certainement de la pierre mais pas n'importe laquelle. De là où elle était, elle ne pouvait pas voir mais son doute se confirma lorsqu'elle prit la peine de se retourner vers l'autre extrémité de la grotte géante.

    Il y avait un troisième socle et pour tout dire, surement un quatrième. Ce qu'elle n'eut pas trop de peine à vérifier après avoir retraverser une fois de plus la caverne. Elle se retourna vers Lung qui la suivait toujours du regard, soufflant de grands filets de brume par ses naseaux bleutés.

    Elle n'avait, comme toujours, pas besoin de lui parler.

    Elle plongea juste ses yeux dans ceux de son frère. Elle revit l'Azur lui remettre son médaillon, elle le revit venir à elle sur la pointe du Destin et elle revit les quatre Cóngs autour d'elle, brillants d'une lumière douce et bleutée comme les écailles de Lung.

    Les Cóngs ! Les Cóngs et leurs ornements si énigmatiques. Semblables aux pierres de cette antre. Leurs lignes de mystère que même les écrits des anciens n'avaient pas su déchiffrer.

    Naïta regarda autour d'elle, tournant sur elle même au centre du repère de la montagne. Prisonniers de la roche, il y avait ici, quatre piliers, qui ressemblaient plus que tout, à quatre Cóngs gigantesques.

    Ce qui était là, au-dessus d'elle était grandiose et inquiétant. Qui les avait mis là ? Et depuis combien de temps dormaient-ils ici ?

    Des millénaires certainement. C'était incroyable. Aucun être humain n'aurait pu s'en servir. À qui avaient-ils appartenu ? N'était-ce qu'une décoration ?

    Impossible. Et pourtant. Ils avaient la même allure que les pierres qui lui servaient à ouvrir une porte du Ciel mais cela semblait impensable.

    Les Cóngs avaient diverses hauteurs et largeurs. Diverses proportions mais généralement ils étaient assez courts et volumineux. Ceux là étaient fins, à la vue de leur hauteur. Ils montaient bien à trois cent pieds et en faisaient à peine vingt de large.

    Ils n'étaient pas conçus pour la main de l'homme. Chacun était si monumental, dix fois plus colossal que les colonnes du temple de la cité. Les déplacer semblait inconcevable.

    Etrange mystère que cela. Naïta cessa de tourner sur elle même. Elle revint vers son frère, près de l'eau lumineuse. Elle se colla contre le flanc de Lung, se sentant soudain rattrapée par une fatigue extrême. Il l’accueilli avec un doux grognement et se pencha au-dessus de la surface cristalline.

    La fillette senti sa tête tourner puis des images et des sensations venir à elle comme chaque fois que son frère lui parlait. L'eau semblait s'animer, quitter la grotte, virevolter dans le ciel, puis tomber dans le grand fleuve sous la cité, suivre les courants tumultueux entre des forêts, dans des gouffres sous terre, s'éparpiller dans une vaste étendue d'eau, un lac, puis l'océan, qu'elle n'avait jamais vu. Les particules de lumière remontaient vers le ciel en fines gouttelettes, soulevées par le vent, les tempêtes et les orages pour venir se poser en paix au milieu des nuages les plus hauts, les plus blancs et les plus purs, et se changer enfin en une sorte de joyau qui se posait au sommet de la couronne d'or de la déesse au serpent de plumes.

    Naïta sursauta. Encore cette vision ? Qui était cette étrange divinité ? Une idole des Anciens ? De son reptile, lové sur ses épaules s'échappaient toujours les mêmes couleuvres de brume, identiques à celles qui habitaient le corps de l'Azur. Celles qui le constituaient, s'échappant de lui pour venir y renaître encore.

    Pour la fillette, tout s'embrouillait. Elle comprenait simplement que cette eau était un trésor précieux. Sans savoir pourquoi.

    Elle imita son frère d'écailles, se penchant à son tour sur ce miroir sans reflets.

    Timidement, elle effleura la surface de la main, puis elle y plongea le bout de ses doigts. Elle était fraiche mais pas froide contrairement à ce qu'elle aurait pu attendre. Mais elle était surtout très douce. Oui douce.

    Une sensation de bien-être s'empara de Naïta à ce contact. Elle avait l'impression de plonger dans une matière plus consistante qu'un simple liquide. Instinctivement, elle joignit ses paumes et ramena vers ses lèvres le précieux breuvage. Juste une gorgée.

    Alors son corps se réchauffa d'un seul coup. L'eau devenait tiède en coulant dans sa gorge. Elle la sentait s'étendre dans ses veines jusqu'au bout de tous ses membres, dans ses organes, accélérer les battements de son cœur, calmer la faim dans son ventre, dissiper les douleurs, détendre ses muscles, nettoyer sa peau, lui redonner force. Puis en regardant ses mains, la fillette vit disparaître les quelques gouttelettes dans son épiderme et eu une vision. Sa peau se flétrissait et se tachait comme celle d'une vieille femme sur le dessus de ses paumes puis soudain redevenait lisse et claire comme celle d'un petit enfant. L'évidence encore se dessinait en pensées suggestives. Ce qu'évoquaient toutes ces sensations était clair. Elle avait bu une eau sacrée. Une eau rare et précieuse. Un élixir de vie. Une source divine.

    Elle remerciait soudain le destin, la Vie, de l'avoir menée ici, même si elle se demandait toujours ce qu'elle faisait là tout en se sentant légitime d'avoir pénétré dans ce sanctuaire.

    Lung poussa un grognement tout en reculant. Naïta le vit s'éloigner et se dit qu'il était sans doute temps de partir. Mais elle se ravisa un instant et revint vers la grande vasque minérale, ouvrit sa petite gourde et la plongea dans l'eau scintillante.

    Elle ne prit pas le temps de la remplir complètement et se pressa de rejoindre Lung. Rebouchant sa petite calebasse, la fillette traversa le mur de brume et une fois de l'autre côté se retourna pour retirer son médaillon de cinabre qui semblait flotter dans le vide. Elle y agrippa ses ongles pour le débloquer de son empreinte. L'épais brouillard redevint instantanément de glace. Le pendentif dans sa main, Naïta frappa de l'autre cet immense miroir de gel. Il était aussi dur que la roche.

    L'enfant prit alors conscience qu'elle détenait la clé de ce lieu. Etait-elle unique ? Peut-être pas... Mais elle en avait une. Et il ne fallait pas que n'importe qui puisse arriver ici.

    Elle regarda son frère qui était déjà au bord du vide. Elle senti son envie de s'envoler aussi forte que la sienne. Elle remit son médaillon autour de son cou et grimpa sans hésiter sur le dos du jeune Arcane. Elle se sentait si bien. Tellement mieux. Sa faim s'était évanouie, son chagrin avec.

    Elle n'avait plus peur et désormais, si tous deux pouvaient voler, le monde leur appartenait.

    Elle entonna une douce note alors que Lung écartait ses ailes. Ils prirent leur envol et Naïta lança un dernier regard derrière elle, inquiète de savoir comment elle pourrait retrouver le chemin à travers les cieux pour regagner cette source miraculeuse. Mais Lung gronda doucement dans sa gueule. Il connaissait le parcours le long des nuages et sous les étoiles. Il savait comment revenir. Ce n'était pas une affaire de mémoire, mais d'instinct. Et aujourd'hui, il avait fait pareil.

    Les doutes de la fillette disparurent et ils rentrèrent chez eux.

     

    Dès le lendemain, Naïta avait pris son arc et son carquois de flèches et ils étaient enfin partis en chasse.

    La première et la seule prise du jour était un jeune tahr, cousin du bharal. La fillette avait décidé de le ramener sur le dos de Lung car il n'avait pas encore assez d'assurance pour le rapatrier au nid dans ses pattes griffues. La proie n'était pas trop lourde, et elle finissait de la nouer fermement à l'encolure de son frère, quand celui-ci avait tourné la tête vers un bosquet d'arbres en aval de l'endroit où ils se trouvaient.

    Naïta avait bandé son arc et encoché sa flèche, la pointant vers le bois. Plus rien ne bougeait. Ils ne pouvaient pas s'envoler ainsi sans savoir ce qui se cachait plus bas dans les frondaisons. Ils reculèrent tous les deux à l'abri d'un rocher et se tapirent sans bruit. Ils attendirent quelques minutes sans que rien ne se passe quand l'enfant entendit très nettement des pas approcher. Elle jeta un œil vers Lung avant de bondir hors de sa cachette, prête à tirer sur l'intrus.

    En découvrant son visage dans un cri guerrier, Naïta failli vaciller, écarquillant les yeux, la bouche entrouverte incapable de prononcer le moindre mot.

    Mais elle se ressaisi presque aussi vite gagnée par la colère. Une colère fulgurante qui l'aida à diriger de nouveau sa flèche vers celui qui se trouvait devant elle, une simple besace sur l'épaule et son bâton à la main.

    Le Chamàn lui faisait face, son regard dans le sien, impassible et silencieux.

     

    à suivre...

     

    L'héritage de l'Azur : Chapitre XX

    La source miraculeuse dans le domaine des Dieux derrière la barrière de glace, gardée par le serpent de plume

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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